Des familles toujours traumatisées Le cimetière des naufragés du Joola qui se trouve à Mbao a complétement changé de décor. En cette matinée du samedi 26 septembre, son calme habituel a été interrompu par une file de visiteurs comme chaque 26 septembre qui marque l’anniversaire du naufrage du bateau Joola avec des milliers de voyageurs […]
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Des familles toujours traumatisées
Le cimetière des naufragés du Joola qui se trouve à Mbao a complétement changé de décor. En cette matinée du samedi 26 septembre, son calme habituel a été interrompu par une file de visiteurs comme chaque 26 septembre qui marque l’anniversaire du naufrage du bateau Joola avec des milliers de voyageurs à son bord. Les familles des victimes sont venues nombreuses se recueillir. Tranche de vie de familles des naufragés.
Malgré le temps, la douleur reste toujours vivace. Les familles n’arrivent toujours pas à faire le deuil de leurs proches disparus dans le naufrage du bateau « Le Joola ». Dix-huit ans après, elles racontent. Raby Sané est une veuve qui a perdu son époux. « C’était vraiment douloureux. C’est un voisin qui m’avait annoncé la funeste nouvelle. Désemparée, je ne l’avais pas cru dès lors que j’avais parlé avec mon mari quelques heures plutôt. Mais quand l’information a commencé à circuler largement dans les radios, c’est comme si on m’avait arraché le cœur. Depuis le naufrage, j’ai peur de l’eau et je n’ai plus consommé du poisson. Récemment, ma maison était inondée, je ne voyais pas l’eau stagnante, mais la mer. Et mon fils m’a dit ceci : « Maman, l’eau qui nous a pris notre père veut nous humilier en prenant notre maison ». Ceci pour vous montrer à quel point ma famille souffre », explique la dame en retenant ses larmes.
Le naufrage du ferry, c’est également son lot d’orphelins à l’image de ce jeune homme qui a requis l’anonymat. La dernière fois qu’il a vu sa mère, c’est quand celle -ci l’a accompagné à la gare alors qu’il devrait rejoindre Bango. Une mère qu’elle n’a plus revue, emportée par la mer.
Lamine Bodian, lui, a perdu son neveu qui devait venir lui rendre visite. « Il m’avait appelé pour me prévenir de son arrivée, mais il n’est jamais venu », dit-il sur un ton mélancolique.
Depuis ce tragique accident, les familles des victimes réclament justice. Elles veulent que les responsabilités soient situées. Mais certains comme Raby Sané ont perdu tout espoir. Elle remet tout entre les mains de Dieu qui est le Meilleur des Juges« Si un jour j’ai un contentieux avec quelqu’un, je ne le traduirais jamais en justice. La justice, elle-même, n’est pas capable de rendre justice à des milliers de personnes. Donc elle ne pourra pas le faire pour moi. Je ne crois plus en cette justice depuis que le bateau a sombré », explique-t-elle.
D’autres personnes militent pour le renflouement du bateau. C’est le cas de Lamine Bodian. « Si l’Etat n’est pas capable de nous rendre justice, qu’il renfloue le bateau…. Il faut qu’il le renfloue pour que les familles des victimes puissent accepter cette tragédie », préconise-t-il.
Si le chavirement a causé des morts. Il est aussi la source de traumatisme dans certaines familles des victimes. Beaucoup de personnes ont souffert la perte de leurs proches. Et depuis lors, c’est comme s’ils leur manquaient quelque chose. Une partie d’eux amputée. C’est ce que vit cette dame de 80 ans qui est venue se recueillir. Elle nous confie que depuis qu’elle a perdu sa fille ainée dans le naufrage, elle n’est plus la même personne. Elle raconte la complicité qu’elle avait avec sa fille, les larmes aux yeux. Cette dame a eu la chance de se rappeler de sa fille contrairement à la mère du neveu de Lamine Sané qui n’a pas eu cette chance. D’après Lamine, sa sœur a rendu l’âme quelque temps après car elle ne pouvait plus supporter cette souffrance qu’est la perte de son fils
Cette souffrance les empêche même de dormir paisiblement la nuit. Raby Sané confie que depuis le chavirement du bateau, ses nuits sont perturbées. Comme peut-être, celles de beaucoup d’autres familles.
FATIME MAX GUEYE
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